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2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 12:03

                                                               

LOGO ADELFA099«Les deux tiers de notre consommation d'énergie finale sont encore                                                                                                 d'origine  fossile. Nous importons gaz, charbon et pétrole. Est- ce                                                                                                   vraiment opportun de continuer à verser cette « rente », qui pèse lourd dans le déficit de notre balance commerciale et,   surtout, qui n'est pas recyclée dans notre économie ?

                                                                Investissons plutôt dans la sobriété énergétique,

                                                                dans les renouvelables, sources d'innovations

                                                                technologiques, de création de valeur et d'emplois.

                                                                C'est une révolution industrielle qui se prépare. »


                                                                                                                        Laurence Tubiana, directrice de l'IDDRI, citée par

                                                                                                                         « Le Monde ».

 

Un 14ème site Seveso seuil haut

Rappel : l'Adelfa avait proposé en alternative pour plus de sécurité une installation « off-shore » complétée par un stockage au sol. Exemple : en Italie, EDF avec Edison a créé un terminal « off-shore » à Rovigo.

En zone industrialo-portuaire de Dunkerque, l'on trouve à proximité du terminal en construction 8 sites Seveso seuil haut. En cas d'accident important, un effet « domino » n'est pas à exclure.

En face du terminal, est située la plus importante centrale nucléaire d'Europe, la troisième au monde. Les méthaniers manœuvrant dans l'avant-port l'approcheront de près. Le risque s'ajoute ainsi au risque sans que les autorités s'en émeuvent.

 

            Un choix de développement tournant le dos au développement durable

Le méthane est constitutif d'une énergie fossile carbonée génératrice de gaz à effets de serre (GES), facteurs de graves dérèglements climatiques. La réduction des GES est pourtant un des objectifs du protocole de Kyoto et du Grenelle de l'Environnement

Le terminal méthanier confortera le concept toujours mis en avant : « Dunkerque, premier pôle énergétique européen », mais force est de constater que ce pôle n'est constitué presque exclusivement que d'énergies fossiles non-renouvelables

 

            La poursuite et le renforcement d'une politique économique littorale productiviste

Elle doit être, continue-t-on de nous dire, le moteur d'une croissance exemplaire. En fait celle-ci n'arrive jamais !

Le bassin d'emploi littoral compte actuellement 12,6 % de chômeurs, soit au moins deux points de plus que la moyenne nationale et les fermetures de sites se poursuivent.

Ainsi le terminal méthanier, au prix d'un investissement considérable (plus d'un milliard d'euros) créera à terme moins d'emplois directs durables (entre 50 et 70) que « Green Sofa », modeste entreprise de fabrication de biens de consommation, risque d'en supprimer (115)

*

zones de risque méthanier


 

RETOUR SUR LA MISE EN OEUVRE DU PROJET

 

            Débats tronqués

Après le débat public, il est apparu que  la concertation préconisée par la CNDP est restée longtemps lettre morte. Rien au niveau du SPPPI, de la commission « nouveaux projets ». L'Adelfa a dû solliciter, 4 ans après le débat, la mise en place d'un comité de pilotage promis auquel elle a fini par avoir accès. De ce fait sont restées dans l'ombre ou ont été éludées nombre d'interrogations :

le fait qu'artificiellement les promoteurs du projet ont fait état à l'origine de deux sites d'implantation potentielle : un site Ouest proche du CNPE et un site Est - celui qui ne pouvait qu'être retenu – dans la mesure aussi où l'on n'a pas étudié sérieusement une implantation « off-shore »

De même à aucun moment, n'a été présenté le projet complémentaire ayant pour objet de réaliser une extension du gazoduc vers la Belgique en lien avec Fluxys. Or GRT-Gaz avait dès l'origine décidé sans le dire clairement de ne pas odoriser le tronçon de gazoduc partant du Clipon à destination de Pitgam, secteur le plus vulnérable, ceci en fait afin d'être en conformité avec les normes en usage en Belgique. Le débat a péché par manque de transparence.

Études d'impact, modifications à apporter à l'étude de dangers du CNPE n'ont pas été portées non plus à la connaissance du public avant l'enquête publique. Restent également beaucoup d'incertitudes sur la gestion de la zone Natura 2000 en mer, comme sur les conditions dans lesquelles ont été effectués par le GPMD les dragages de la souille suivis de clapages en mer sur des zones déjà fortement sollicitées par des dragages d'entretien du port ouest.

Plus d'un an après le démarrage du chantier, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) n'a pas encore pris position sur le projet de réalisation d'un tunnel entre le CNPE et le terminal pour y transférer des eaux chaudes. Pourquoi ? Or lors des récentes assises nationales des risques technologiques tenues à Douai, le directeur de l'Institut de Recherche sur la Sûreté Nucléaire (IRSN) a cité le terminal méthanier du Clipon comme l'exemple de ce qu'il ne fallait pas faire en matière de regroupement de sites à risques...

 

 

            Sécurité

 

            14ème site Seveso seuil haut, le terminal méthanier aménagé dans l'avant-port ouest se trouvera confronté à un important trafic maritime lié à la présence d'ores et déjà, du terminal ferry, du parc à conteneurs, de l'appontement pétrolier des APF, d'Aluminium-Dunkerque et de diverses plates-formes logistiques, ainsi que dans l'avenir du nouveau bassin de la Baltique, générateur de nouveaux trafics. Aucune communication publique n'a été faite depuis le débat sur les conditions de navigation dans ce secteur où est prévue de surcroît une station d'avitaillement  GNL

Or les règles de navigation des méthaniers sont particulièrement strictes : pas d'approche à moins de 2 km de tout autre navire. Le trafic ne pourra qu'être perturbé lorsque les méthaniers manœuvreront pour entrer au port et prendre place à quai.

Quel impact en particulier sur le trafic des ferries, la sécurité des passagers et des équipages, sauf à ce que les ferries soient interdits d'entrée et de sortie à l'approche et lors des manœuvres d'accostage des méthaniers ? Les contraintes ne vont-elles pas « plomber » ce service de passagers et de fret en ralentissant les rotations ? Quelle sera la réaction de la Sté DFDS en cas de blocage trop long et trop répétitif de ses transbordeurs ?

A quel niveau de catastrophe faudrait-il s'attendre si, suite à un accident majeur sur le terminal ou sur un site proche, se produirait un redoutable effet « domino ». L'équipement, dit-on, ne relèvera pas de la procédure PPRT, ce qui apparaît pour le moins étonnant.

Quelles garanties quant à une intervention aisée et efficace des services de secours en cas de graves problèmes sur le terminal situé à l'extrémité d'un isthme dont l'unique accès terrestre se situe sous les vents dominants à plus de 4 km et loin des centres de secours du littoral ? Quelle solution de repli pour les équipages et le personnel, quand bien même stationnerait en permanence une barge équipée pour les secours ?

Les études menées par le GIEC sur le réchauffement de la planète avec remontée des eaux et la multiplication des phénomènes de tempêtes ne peuvent que nous interpeller suite à de nouveaux aménagements en bord de mer.

 

            Economie

            La facture du gaz distribué à la population a progressé de 28 % entre 2008 et 2011 (nettement plus que l'inflation !). Le tarif étant réglementé, il apparaît que les usagers du littoral ne bénéficiant pas de tarifs préférentiels continueront d'être pénalisés et de payer le prix fort car ils seront toujours alimentés par du gaz B en provenance de Groninge (Pays-Bas), gaz sulfuré au pouvoir calorique moindre. A noter, dans le même ordre d'idée, que GRT-Gaz n'a toujours pas prévu d'alimenter en gaz de ville la centaine de foyers de Mardyck pour cause de « non-rentabilité ». Le paradoxe est que Mardyck se trouvera « encadré » par deux gazoducs. Par celui de Dunkerque-GNL transiteront chaque année 13 milliards de m3 de gaz, soit plus du quart de la consommation nationale (40 milliards) sans que Mardyck en tire le moindre bénéfice, mais au contraire des risques accrus pour les usagers locaux. Ce qui sera le cas dans nombre de villages traversés !

Les retombées économiques locales du projet apparaissent tout autant aléatoires qu'elles ne le furent et le sont pour le terminal Gassco (alimenté par du gaz en provenance de Norvège par pipe-line, n'ayant pas créé sur le territoire un seul emploi!)). Les promoteurs mettent en exergue « Innocold », récupérateur de frigories, qui n'en est qu'au stade de projet louable, mais non-accompli (le froid ne se transporte pas aussi aisément que la chaleur)

 

            Emploi

            Quand le terminal et le gazoduc seront en exploitation, l'on sait que leur mise en service aura créé bien peu d'emplois directs (voir plus haut).

les promoteurs du projet ont bien sûr mis l’accent sur la phase chantier qui, d'ici 2015, aura mobilisé plus de 1500 salariés. Et d'insister sur le fait que ce « chantier du siècle » aurait « recruté » plus de 90% de main d'œuvre locale et régionale, remettant au travail des chômeurs de longue durée. Les personnels fréquentant le chantier actuellement émettent quelques doutes à ce propos au vu des immatriculations des véhicules (belges notamment) qui s'y rendent. D'une manière générale l'on ne sait rien sur la durée des contrats proposés, certains pouvant être de très courte durée selon la nature des travaux.

Des entreprises locales, qui pouvaient légitimement espérer tirer leur épingle du jeu, ont dû déchanter. Le cas le plus connu au pays de l'acier est celui d'Europipe, fabricant de tubes, qui pour l'essentiel a vu le fructueux marché du gazoduc lui échapper au profit d'un concurrent grec. De même la restauration sur le  chantier a échappé aux prestataires locaux.

 

 

            Mesures d'accompagnement

         Les mesures d'accompagnement (encore appelées compensations) proposées par Dunkerque-LNG ont été annoncées à grand renfort de publicité sans qu'il y ait eu de concertation au niveau du comité de pilotage (ce fut le cas par contre au comité de suivi où siègent les naturalistes). En tout cas leurs retombées économiques ne font apparemment l'objet d'aucun suivi.

Elles consistent dans :

la participation à la création d'un plan d'eau de loisirs à proximité du terminal du Paarc (3 millions d'€)

la création d'une Maison de la Nature à Loon-Plage (1,5 million €) et le réaménagement de la Ferme Galamé  plage (1,5million €)

l'installation d'équipements de sécurité pour une des associations de kite-surfeurs : Dunkerque Flysurfing Club (DFC).

L'ouverture d'un centre d'interprétation du terminal apparaît plus comme une opération de marketing que comme un facteur de développement touristique. Le CNPE d'EDF avait eu en son temps la même démarche sans que cela apparaisse actuellement comme ayant développé le tourisme industriel.

 

 

 

         Environnement

            Souvent présentées comme des démarches volontaires en faveur de la protection de la biodiversité par Dunkerque-LNG et le GPMD, les mesures environnementales prises ou à prendre sont en fait des obligations résultant d'un arrêté préfectoral de 2009 valant dérogation pour la destruction ou la transplantation d'espèces protégées.

Ainsi en va-t-il de :

l'aménagement d'une zone humide de type lagune de 20 ha à Gravelines (DK LNG)

celui d'une zone de 4,5 ha de pelouses dunaires dans le périmètre de la centrale nucléaire (DLK-LNG)

la création de 2 bassins salés  de 6,7 ha aux alentours du canal des Dunes (GPMD)

la protection foncière et la gestion conservatoire du site dunaire du Clipon Est, 35 ha (GPMD). Toutefois depuis 3 ans la nidification des sternes naines n'y a pas été couronnée de succès (pas seulement à cause des travaux). La plage s'ensable très rapidement et avec de surcroît des rejets en mer non prévus elle risque de perdre tout intérêt.

la protection du secteur de la capitainerie

l'établissement d'un Schéma Directeur du Patrimoine Naturel (GPMD)

A noter que la mise en place d'un comité de suivi (où jusqu'à peu les pêcheurs n'avaient pas été invités) a aussi été rendue obligatoire par le même arrêté.

L'information sur l'inaccessibilité du Clipon est aussi insuffisante, notamment parce qu'elle n'est prévue que pendant la durée du chantier et qu'elle ne peut concerner la plage hors zones de dangers '(quels périmètres?). Dunkerque-LNG avait d'ailleurs proposé l'aménagement d'un sentier pédestre en bordure de plage. De fait, et plus généralement la question des usages socio-culturels du Clipon est éludée.

Pour ce qui est du versant marin, peu de considérations interviennent, alors même depuis le 8 juin 2010 un Comité de Pilotage (COPIL) a été instauré  pour l'élaboration d'un document d'objectifs (DOCOB) pour 2 sites Natura 2000 en mer Bancs de Flandre. Il est à noter que de façon inexpliquée la désignation du SIC « Habitats » par la France n'est toujours pas publiée. Cette désignation dépendrait de la formalisation de mesures compensatoires. Lesquelles et à propos de quoi ?

*

 

 

En guise de conclusion provisoire, il est pour le moins légitime de poser la question : le fond de ce projet, quel est-il ?

Assurer l'indépendance énergétique de la France ? Faire fonctionner les entreprises de BTP ? Propulser EDF sur un créneau énergétique qui n'est pas naturellement le sien ? Augmenter la richesse du territoire ? Faire plus de profit ? Répondre aux nouvelles exigences environnementales ? Créer de l'emploi durable localement ?....

Chacun choisira la réponse qui lui apparaîtra la plus appropriée...

 

 

Décembre 2012.

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